L'Église

Introduction

La majorité des gens du Québec, si vous leur parlez de l'Église, supposeront que vous leur parleriez de l'Église Catholique Romaine. Moi-même, lorsque j'ai commencé à m'intéresser réellement à la Bible, je croyais que l'Église Catholique était l'Église de Dieu. J'avais une Bible TOB. Par la suite, peu à peu, je me suis aperçu que ce n'était pas aussi simple. Il y a tellement de dénominations différentes et autant d'interprétations de la Bible qu'il m’était difficile d'y voir clair. Au cours de ce travail, je veux tenter d'y remédier et d’approfondir. C'est pourquoi j'ai choisi « L'Église » comme doctrine à approfondir pour mon travail de fin de session.

La nature de l'Église

Wayne Grudem définit la nature de l'église comme suit : « L'Église est la communauté de tous les vrais croyants à travers les âges1 ». Selon lui, cela doit forcément inclure les croyants de l'Ancien Testament. Je crois que Paul le confirme. Il explique que le vrai juif est celui qui l'est intérieurement. Dans l'AT, les juifs devaient être circoncis, mais c'est celui qui a une « circoncision de cœur » qui l'est vraiment. (Ro 2.29) Le vrai juif sait que la loi de Dieu est bonne, le problème est qu'il n'a aucune force pour l'accomplir. Jésus l'a fait à notre place afin que nous ne soyons plus sous la Loi mais sous la grâce. (Ro 7.15-16) Nous regardons vers le passé pour ce que Jésus a accompli, les croyants de l'AT regardaient vers le futur pour ce que Dieu promettait d'accomplir. Donc, l'Église, c’est les croyants qui vivent par la Foi (Ro 1.17).

Jean Calvin pense aussi la même chose. Voici ce qu'il dit à ce sujet : « Dans ce cas, elle comprend non seulement les saints qui habitent sur la terre, mais tous les élus qui ont existé depuis le commencement du monde2».

L'Église visible et invisible

« La distinction entre l'église visible et invisible est apparue dès l'époque d'Augustin et a d'abord été énoncée clairement par Martin Luther et par la suite, Jean Calvin l'a également incorporée à sa théologie3 ».

Dans les écritures, nous pouvons déjà voir une distinction entre l'Église visible et la véritable Église, l'invisible, que seul Dieu peut voir (2 Ti 2.19).
Pour Martin Luther et Jean Calvin, il était nécessaire d'énoncer clairement cette distinction parce que l'Église Catholique enseignait que
L'Église était l'organisation visible descendant des apôtres par la succession ininterrompue des évêques de l'Église. L’Église catholique romaine soutenait qu'on ne pouvait trouver la seule Église véritable que dans l'organisation visible de l'Église romaine.4
Pour Calvin, la prétention à la succession ne tient pas car d'autres Églises prétendent aussi à cette succession.

Mais comment reconnaître l'Église visible alors? Au début, il n'y avait qu'une seule Église, alors il était inutile de se poser la question; mais aujourd'hui, il y a beaucoup de groupes qui prétendent être des Églises.

Calvin donna cette affirmation : « Car partout où nous voyons la Parole de Dieu être purement prêchée et écoutée, les sacrements être administrés selon l’institution de Christ, là il ne faut nullement douter qu’il y ait Église5». Donc, pour Calvin, la Parole de Dieu doit non seulement être « purement prêchée » comme dans la confession d'Augsbourg mais aussi d'être écoutée. Autrement dit, les membres de cette église doivent la mettre en pratique. Ce qui est intéressant aussi, c'est l'importance des sacrements pour lui. Ce sont les marques de l'Église visible.

Comme Grudem, nous pouvons nous demander combien de « fausses doctrines peuvent être tolérées avant de cesser de considérer une Église comme une vraie Église6 ». Selon lui, « bien qu'il est difficile de tracer une ligne, il est clair qu'il y a des doctrines fondamentales auxquelles il est nécessaire d'adhérer pour être considérée comme une vraie Église7 ».

L'Église locale et universelle

Dans le Nouveau Testament, le mot Église peut s'appliquer à un groupe de croyants dans une maison (Ro 16.5), à une ville entière (1 Co 1.2; 2 Co 1.1; 1 Th 1.1), à une région (Ac 9.31), et pour terminer à l'Église universelle (Ep 5.25).

L'importance de l'Église

« Il faut remarquer que les toutes premières images dont se sert Calvin pour discuter de l'Église visible sont celles de la mère et de l'école, qu'il associe fréquemment8

Pour Calvin, c'est l'Église qui doit nourrir le chrétien et exercer un soin maternel :
…Or je commencerai par l’Église, au sein de laquelle Dieu a voulu que ses enfants soient assemblés, non seulement pour être nourris par le ministère de celle-ci pendant qu’ils sont encore en âge d’enfants, mais pour qu’elle exerce toujours un soin maternel à les gouverner, jusqu’à à ce qu’ils soient venus en âge d’homme, voire qu’ils atteignent le dernier but de la foi. Car il n’est pas licite de séparer ces deux choses que Dieu a conjointes (Marc 10 : 9) : c’est que l’Église soit la mère de tous ceux dont il est le Père….9
Il va même jusqu'à dire qu’à l'extérieur de l'Église, il ne peut y avoir de salut :
« Il est aussi à noter que, hors le giron de cette Église, on ne peut espérer la rémission des péchés ni salut aucun, témoin Esaïe (Es. 37: 32) et (Joël 3: 5). Ezéchiel s’accorde, en disant que ceux que Dieu veut exterminer de la vie céleste, ne seront point au rôle de son peuple (Ez 13: 9). Et à l’opposite il est dit que ceux qui se convertiront au service de Dieu et à la vraie religion, viendront s’enrôler parmi les citoyens de Jérusalem (Es 56:5; Ps. 87: 6)… Par ces mots la faveur paternelle de Dieu, et le témoignage spécial de la vie spirituelle est restreint au troupeau de Dieu, afin que nous soyons avertis que c’est une chose pernicieuse et mortelle de se distraire ou séparer de l’Église10.
Par ces lignes, on s'aperçoit que pour Calvin, l'Église occupe une place centrale dans les desseins de Dieu. Si je comprends bien Calvin, il ne croit pas que l'Église a le pouvoir de sauver. L'évangile s'adresse à l'individu et la Foi est une affaire individuelle. Mais Dieu utilise l'Église pour la faire naître et pour la préserver.

Les métaphores de l'Église

Pour nous aider à comprendre la nature de l'Église, les auteurs dans le Nouveau Testament utilisent plusieurs métaphores. Par exemple, les membres d'une famille (1 Tm 5.1-2). Nous sommes les fils et les filles de Dieu qui est notre Père céleste (2 Co 6.18). Paul appelle l'Église, l'épouse de Christ (Ep 5.32). L'Église est appelée le temple du Saint-Esprit (1 Co 3.16-17). Jésus en est la pierre angulaire et les croyants en sont les pierres vivantes (1 Pi 2.5).

L'Église et le royaume de Dieu

Wayne Grudem et Millard J. Erickson citent tous les deux George Ladd.
Le Royaume est d'abord le règne ou l'autorité royale dynamique de Dieu et, de façon dérivée, la sphère dans laquelle s'exerce cette autorité. En langage biblique, le Royaume ne s'identifie pas avec ses sujets. Ils sont le peuple du règne de Dieu, ils y entrent, ils vivent sous son autorité et sont gouvernés par elle. L'Église est la communauté du Royaume, mais jamais le royaume lui-même. Les disciples de Jésus appartiennent au Royaume comme le Royaume leur appartient, mais ils ne sont pas le Royaume. Le Royaume est le règne de Dieu; l'Église est une société humaine11.

Conclusion

La distinction entre la véritable Église telle que Dieu la voit et que nous appelons aujourd'hui, Église invisible ou Église véritable, peut être trouvée dans les écritures. Augustin la discernait déjà mais c'est Luther et ensuite Calvin qui en ont réellement exposé les premiers les grandes lignes.

Comme tous les énoncés de doctrines, celle de la nature de l'Église est aujourd'hui devenue nécessaire à cause de faux enseignements.

En approfondissant cette doctrine, elle m'est devenue plus claire et plus stable. Dieu nous a donné certaines marques pour reconnaître une vraie Église : la Parole de Dieu purement prêchée et écoutée, le baptême des croyants, le repas du Seigneur administré et, elle chasse le méchant de son sein (1 Co 5.13).

Notes

1 Wayne Grudem, Théologie Systématique, p. 935
2 Jean Calvin, The Institutes of the Christian Religion, Livre IV, Chapitre I, Section 1
3 Notes de cours, Millard J. Erickson, Christian Theology, Chapitre 50, Traduction autorisée pour SEMBEQ.
4 Wayne Grudem, Théologie Systématique, p. 938
5 Jean Calvin, Institution, IV.1.9
6 Wayne Grudem, Thélogie Systématique, Chapitre 44, p. 949
7 Ibid, p. 940
9 http://www.jean-calvin.org/fr/calvin-theo/th-ologie/textes/calvin-et-l-unit-de-l-glise.html#sdfootnote16sym
10 http://www.jean-calvin.org/fr/calvin-theo/th-ologie/textes/calvin-et-l-unit-de-l-glise.html#sdfootnote17sym
11Wayne Grudem, Théologie Systématique, p. 947 citant George Eldon Ladd, Théologie du Nouveau Testament, 2010, p. 109.

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